Ca paraît bizarre, en effet...
Les Humains ont un problème dans leur vie de tous
les jours : une certaine monotonie les gagne, par le fait
d'une répétition des gestes quotidiens. Les spécialistes du comportement
Humain nomment cela le syndrôme du "métro-boulot-dodo".
Analysons ce terme :
"Métro" fait référence à la nécessité
de s'entasser avec d'autres Humains dans un véhicule communautaire
pour rejoindre son lieu de travail ou (au choix) de patienter
des heures à bord de son véhicule autonome, bloqué au milieu
de centaines d'autres véhicules autonomes.
"Boulot", c'est l'activité souvent
pénible que l'Humain est contraint d'effectuer pour gagner
son droit de survie au sein du groupe.
"Dodo" représente bien entendu la
partie la plus agréable de cette trilogie infernale, mais
l'Humain n'en profite guère puisqu'il est inconscient pendant
cette phase.
Aussi, les Humains ont besoin régulièrement de s'évader de ce contexte
abrutissant. C'est pourquoi on voit en hiver, par exemple, les Humains
se diriger massivement vers des stations dites "de sport d'hiver"
pour y pratiquer l'activité qui consiste à grimper les pentes montagneuses
au moyen de dispositifs mécaniques. Entre deux tours de ces sortes d'escalators
à neige, l'Humain glisse sur des planches pour redescendre.
Ce qui nous paraît étrange, à nous Animaux, c'est que finalement, tout
cela ressemble fort au "métro-boulot-dodo" : l'Humain passe
des heures au volant de son automobile pour aller à la montagne, puis subit
des heures d'attente pour pouvoir faire un tour de manège avec des chaussures
qui font mal, dans un climat d'une extrême rudesse (froid, neige, vent...).
Et l'Humain a économisé toute l'année pour payer ce calvaire à sa famille.
Une variante consiste à s'embouteiller des heures durant pour
gagner le sud et s'entasser à des milliers sur d'étroites
bandes de sables, pour y exposer sa peau nue à la douloureuse morsure
du soleil. Etrange...
En réalité...
L'Humain cherche en effet un certain dépaysement, en s'expatriant dans
des contrées lointaines aux conditions de vie extrêmes. La neige, les planches
aux pieds, le froid glacial, ou au contraire la chaleur et l'odeur du varech
sont autant d'éléments nouveaux qui stimulent son être et lui feront apprécier
son quotidien à son retour.
Cependant, l'Humain a aussi besoin de conserver des repères, et c'est
pourquoi il lui est nécessaire de retrouver, même sur son lieu de vacances,
un schéma de type "métro-boulot-dodo".
Comme on le voit donc...
Tout ceci n'est pas si bizarre qu'il y paraît au premier abord, et les
"sports d'hiver" (tout comme les migrations
d'été) contribuent au bien-être des Humains.
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